Ecrit par Antigone
La frénésie du bio nous fait découvrir des produits insolites comme la limonade bio, les pneus bio, les jeans bio, les « cigarettes bio et équitables », les couches bio, les shampoings bio, les aliments bio pour chats jusqu’au « cercueil bio pour les amoureux de la nature »... Contrôlée par des organismes certificateurs, l'agriculture biologique est régie par un cahier des charges sans être soumise à une obligation de résultats. Alors, tout cela a-t-il encore un sens ?
Peut-on faire confiance aux produits bio ?
Evidemment ! Mais le succès du bio dérange de nombreux industriels qui ne proposent que des produits conventionnels (non bio) et perdent des parts de marché depuis plusieurs années. Alors ils se sont posé la question : comment récupérer les consommateurs ? Ils ont trouvé deux solutions :
- en semant le doute et la confusion pour instaurer une crise de confiance
- en créant leurs propres gammes bio (un peu selon leurs règles en exploitant les failles du label bio AB existant).
Leur objectif est double : faire revenir les consommateurs aux produits conventionnels, et pour ceux qui continueraient à consommer bio, tout faire pour qu'ils ne fassent pas/plus la différence entre le bio de qualité et le bio industriel qu'ils proposent. Et ça marche ! Le bio industriel est en train de sauver les grandes surfaces en crise et les marques en perte de vitesse. C'est bien ce sujet qu'aborde 60 millions de consommateurs dans son hors-série intitulé "Les dérives du bio pas cher" (un sujet qu’Abacane vous recommande fortement). S’il vous plait, ne vous faites pas avoir !
Le bio industriel où le sens péjoratif du terme
Le marché bio vertueux depuis ses débuts, et tous ses acteurs qui œuvrent depuis des années pour proposer des produits de qualité, doit aujourd'hui faire face à l'arrivée tous azimuts d'industriels peu scrupuleux, attirés par cette nouvelle manne financière.
Aujourd’hui, des amalgames sèment le doute :
- Les produits bio ne sont pas diététiques.
Oui, et ce n'est pas leur but. On trouve du saucisson bio, de la pâte à tartiner bio... des produits effectivement gras ou sucrés mais exempts de produits chimiques potentiellement toxiques. Et le nutri-score (qui n'évalue que l'aspect nutritionnel et ne prend pas en compte les additifs) a bien œuvré pour semer la confusion. Un paquet de gâteaux non bio confectionnés à base de céréales arrosées de pesticides (toxiques pour la santé comme pour l'environnement) mais peu sucrés va être mieux noté qu'un paquet de gâteaux bio un peu plus sucrés mais confectionnés sans pesticides.
- Les produits bio sont quand même pollués.
Ne vous faites pas avoir ! L'étude de 60 Millions de consommateurs - qui a analysé 130 produits alimentaires bio - parle de traces de polluants (PCB et dioxines) parce que "les animaux broutent en extérieur" mais précise qu' "on reste sous les seuils réglementaires". Donc on ne parle pas ici de contamination ! La vraie contamination - potentiellement très toxique pour la santé - est bien celle du lait et des œufs en conventionnel due à ce que l'on donne à manger aux animaux et qui se retrouve dans la nourriture ensuite ! Il faut savoir que les animaux élevés en bio ne reçoivent aucun aliment ayant été produit à l'aide d'engrais ou de pesticides chimiques, ni d'aliments contenant des OGM. Le mode d'élevage et l'alimentation des troupeaux en bio garantit ainsi un lait sans trace de résidus chimiques ni d'organisme génétiquement modifié, reconnus comme cancérogènes et perturbateurs endocriniens.
- Tous les produits bio ne sont pas écologiques.
C'est vrai. Une tomate produite en France sous serre chauffée est responsable de 8 fois plus d'émissions de gaz à effet de serre qu'une tomate produite en France en saison, et de 4 fois plus d'émissions de gaz à effet de serre qu'une tomate espagnole importée ! Mais pour proposer du bio pas cher toute l'année (car il y a encore des consommateurs qui veulent manger des tomates à Noël), il y en a qui sont prêts à tout.
2022 : le nouveau règlement bio européen entre en vigueur
Élargir le champ d’application du bio à de nouvelles productions, favoriser son développement, harmoniser les pratiques au sein des Etats membres de l’UE, mieux encadrer les contrôles, faire de la conformité au cahier des charge européen la règle s’imposant aux produits bio en provenance des pays tiers... Tels sont les principaux objectifs assignés au nouveau règlement bio (RUE n°2018/848), entré en vigueur le 1er janvier 2022. Consultez les détails ici.
“68 % des 18-24 ans sont attachés au bio”
Selon Laure Verdeau, nouvelle directrice de l’Agence bio, agence nationale qui stimule et harmonise offre et demande, “le bio est vraiment la solution résiliente, de proximité”. La preuve : 20 % des agriculteurs font de la vente directe. “68 % des 18-24 ans sont attachés au bio. Ça, c’est du long terme ! Ce ne sera pas un effet de mode”.
Elle constate aussi que lorsqu’on consomme bio, on change ses pratiques : “plus de vrac, moins de viande, plus de fruits de saison”. Une frugalité qui baisse le prix du panier. “Et puis, avec les confinements, tout le monde a repris plaisir à cuisiner.” Le nombre de consommateurs bio s’est accru “de 15 % cette année. Et pas que des bobos, y compris des populations à faible pouvoir d’achat.” Neuf Français sur dix déclarent désormais manger du bio régulièrement.
L’agriculture bio est-elle meilleure pour la santé ?
Les aliments issus de l'agriculture biologique ne contiennent pas de pesticides et autres produits chimiques néfastes pour la santé. Si ces derniers sont autorisés, mais réglementés et limités, ils ne sont pas inoffensifs. En effet, certaines études ont montré qu'il existe un lien entre les cancers ou encore la maladie de Parkinson et les personnes très exposées et en contact avec les pesticides, comme les agriculteurs. Ainsi, faire le choix de manger bio, c'est limiter l'ingestion de pesticides nocifs pour l'organisme et la santé.
Vous n'êtes pas encore convaincus ? Voici de bonnes raisons de manger bio
- C’est meilleur pour notre santé et celle des agriculteurs
- Vous protégez la biodiversité (adios les pesticides)
- Vous protégez aussi les sols et les nappes phréatiques
- Manger bio oui, mais local et non sous serre !
Antigone
Auteur(e)
Rédactrice pour abacane depuis les prémices, je vous partage mes envies et mes centres d'intérêts au travers d'articles divers et variés. Pour ceux qui se posent la question, je vous rassure : mon pseudo n'a rien à voir avec une animosité envers les "gones" (en plus je ne suis pas lyonnaise) ;)
